L’ère des nouvelles technologies semble pouvoir bénéficier à tout le monde. Ces nouveaux outils sont d’ailleurs de plus en plus ancrés dans la médecine. La prise en charge en continue étant souvent élevée, nombreux sont les patients alcooliques qui ne bénéficient pas des soins désirés par exemple. Les nouvelles technologies semblent donc offrir un nouveau moyen de traiter ces patients.
Dans le cadre d’un projet financé par le National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism (NIAAA, dépendant des National Institutes of Health -NIH- américains), des chercheurs de l’Université du Wisconsin ont développé une application permettant aux patients d'avoir un soutien presque n'importe où et n'importe quand : A-CHESS ou Addiction-Comprehensive Health Enhancement Support System.
Cette nouvelle application smartphone destinée à aider les patients dans leur démarche de sevrage contre l’alcoolisme, incite à moins boire ou à demander un soutien en cas de besoin.
Les patients ont alors accès à des services statiques comme des séances de relaxation audioguidée, ou interactifs, comme un système d'alerte par GPS s'activant lorsque le patient approche un bar qu’il fréquentait en lui demandant s'il souhaite réellement y aller. Et si l’application repère que le patient reste trop longtemps près d’un bar, elle lui envoie une vidéo d’un alcoolique racontant sa misère face à la maladie ou une vidéo d’un de ses enfants l’implorant de ne pas boire.
Les patients peuvent également entrer en contact rapidement avec au moins deux personnes de leur choix en appuyant un bouton "panique". Les utilisateurs reçoivent des messages d'encouragement tous les jours sur leur téléphone pour ne pas craquer. Toutes les semaines, ils répondent à un questionnaire pour aider leur conseiller à évaluer la difficulté du patient à résister à la tentation.
Une étude a été réalisée pour évaluer l’efficacité de l’application.
Les équipes du Professeur David Gustafson, auteur de l’étude, ont observé 349 patients pendant un an.
179 ont suivi un an de traitement classique post-sevrage et 170 un an de traitement accompagné de l’application. L’objectif était d’évaluer le nombre de jours à risque par semaine. Une journée à risque pour un alcoolique, se résout à plus de quatre verres pour les hommes et trois verres pour les femmes en moins de deux heures. Chaque mois, les patients devaient donner le nombre de jour où ils avaient mis en danger leur guérison.
Les résultats ont montré une différence flagrante : les utilisateurs de l’application prenaient environ 1,39 jour de risques par semaine contre 2,75 jours par semaine pour les patients sans l’application.
Les chercheurs ont pu voir si l'application aidait aussi à s'abstenir de boire. Sur les 170 patients avec l’application, 52% ont réussi à ne pas boire une goutte pendant toute la durée de l’étude contre 40% pour les patients recevant le traitement traditionnel.
Pour l’instant, l’application A-Chess n’est pas à la portée de tous. « Pour rejoindre l’étude, les mutuelles doivent débourser 10 000$ par patient » indique l'auteur de l'étude. Une entreprise aurait été engagée pour créer une application du même type que A-Chess, accessible au grand public.
Ce premier essai va peut-être permettre de traiter d’autres types de maladies ou d’addictions. L’intégration des smartphones dans la médecine évolue petit à petit et ne cesse de nous surprendre.